La cosmogonie selon Bug Solonium
Travaillant avec le laser depuis plusieurs années, Bug Solonium a croisé la route de Jean-Christophe Delagnes, chercheur au CELIA (Centre Lasers Intenses et Applications). De cette collaboration avec le laboratoire est née "Cosmogonie quantique".
Bug Solonium, artiste plasticien, créateur du « Lazeroscope »
Jean-Christophe Delagnes, Enseignant-Chercheur au CELIA, Maître de Conférences
Comment a débuté votre collaboration ?
J.-C. : Le projet de Bug a tout de suite retenu mon attention, d'un point de vue technique et artistique. Tous les jours, au laboratoire, nous étudions et pratiquons les lasers, la projection, et nous rencontrons des problématiques qui sont communes au « Lazeroscope ». Il est très vite apparu que c'était le projet le plus facile à accueillir au CELIA.
B. : Le contact avec le CELIA s'est fait naturellement. Je n'avais jamais approché un laboratoire de recherche de si près auparavant, et j'en avais cette représentation, très technologique et inaccessible.
Concrètement, pouvez-vous nous décrire l'objectif de la résidence ?
B. : On est parti de ma création, le « Lazeroscope », créé en 1995 et utilisé à Genève à la cérémonie de passage à l'an 2000. Elle marche de manière empirique, artistique, avec des réglages longs à obtenir. On en fait un dispositif très maîtrisé, solide et bien usiné : je suis un peu comme un gars qui a fabriqué une voiture dans son garage et qui la re-produit avec les moyens de Ferrari® (rires). Mon but est de créer des images avec des lasers, et mon dispositif facilite l'accès du cerveau à cet imaginaire.
J.C. : Oui, c'est un « facilitateur », et notre proposition est de l'améliorer, d'en renforcer l'aspect technique. Quelque part, l’œuvre de Bug fait sens au milieu des expérimentations de laboratoire : la minutie, l'alignement, l'instabilité du phénomène font que le périmètre de travail est le même. Le socle technique commun nous permettait de nous comprendre, et nous avons convergé très rapidement.
Que retirez-vous de cette expérience, à mi-parcours ?
J.C. : Le fait d'aborder des thématiques de recherche avec une visée artistique est très motivant. Mettre des connaissances technologiques à disposition d'une œuvre est singulier, car cela revient à un effort de vulgarisation, non pas dans le discours, mais la réalisation technique. Les contraintes étaient nouvelles, et notre crainte a été qu'en sophistiquant trop le processus, on perde certains aspects aléatoires, et qu'on aboutisse à un appareillage trop mécanique, à des phénomènes toujours reproductible.
B : Cela a été ma peur aussi, de perdre ces paramètres qui font que tout est possible, tout peut se passer .. quand je monte sur scène, je « joue », comme un musicien, mais c'est un instrument de musique à voir, comme des notes de musique lumineuses. La lumière est mon amie, et je considère le laser comme le summum de la lumière ! Au final, on s'est rendu compte que l'on gagnait en précision, et donc en possibilités, en maîtrisant mieux le dispositif. Nous sommes très satisfaits des avancées du projet ... même si j'aurais préféré un montage rouge et pas aluminium. (rires)